Les monuments

Les Moulins

Au début du 20ème siècle, le moulin des Côtes était déjà en ruine, et le moulin de Piry, essentiellement consacré à l’huile, avait cessé son activité. Seul le moulin de Lavaur continuait à moudre le grain et produire du cidre.

Le Comte Henri de Bonnevie de Pognat, maire d’Aubiat et propriétaire des moulins ainsi que de nombreuses autres propriétés, régnait en maître sur la commune. Battu aux élections municipales de 1904 par le Républicains il retira par mesure de rétorsion ses terres aux fermiers qui avaient voté contre lui.

Au moulin de Lavaur, le meunier partisan du Comte conserva son poste. Les paysans lui amenaient leur grain pour que le meunier garde le son et porte la farine au boulanger du village. Ainsi les paysans se rendaient à la boulangerie chercher leur pain, le poids correspondant au poids de la farine livrée par le meunier.

L'Eglise

Dès 1842, la commune d’Aubiat réclame un secours pour la réparation de son église. En raison de la vétusté de l’ouvrage, on s’achemine plutôt vers la construction d’un nouvel édifice.

A partir de 1866, le comte de Mons, Félix-Victor Martha-Becker et son gendre le comte de Bonnevie de Pogniat proposent la construction d’une nouvelle église quasiment à leurs frais, à conditions de retenir à vie la propriété de chapelles autour du chœur. Un échange de terrains retarde l’autorisation d’entamer les travaux qui ne débuteront qu’en 1880 pour se terminer au printemps de 1882.

Félix-Victor Martha-Becker meurt en 1885, et son gendre s’éteint en 1890. C’est donc Henri de Bonnevie, petit-fils de Félix-Victor Martha-Becker qui posa la première pierre de l’église, à l’âge de 16 ans. Il sera élu maire d’Aubiat en 1896 et 1900, avant d’être battu aux élections municipales de 1904.

Le tombeau du Général Beker

Le général Beker est né à Obernai (Bas Rhin) le 13 janvier 1770.
Il a épousé, en 1805, Françoise Antoinette Desaix, soeur du Général Desaix, tué à Maringo en 1800.
Le général Beker s’attacha au Puy de Dôme lorsqu’il y commanda les troupes en 1805.

Il a acheté le château de Mons sur la commune d’Aubiat et fut sacré en 1808 Comte de Mons par Napoléon 1er. Napoleon 1er qu’il a accompagné lors de plusieurs campagnes. Il l’a accompagné à Roche sur mer car Napoléon voulait se rendre en Amérique. Cependant entre temps Napoléon s’est rendu de lui même et le général Beker a été considéré comme un héros.

En 1815 il accompagnera jusqu’à Rochefort l’Empereur qui embarque pour l’exil à destination de Sainte-Hélène.

Il fut député du Puy de Dôme en 1815, puis membre du Conseil Général du Puy de Dôme, puis Pair de France en 1819 et enfin, Grand Cordon de la Légion d’Honneur en 1831. Tout cela, malgré une disgrâce liée au fait qu’il avait accompagné Napoléon pendant les 100 Jours.

Il meurt le 18 novembre 1840 sans descendance, car le seul fils qu’il ait eu est décédé durant son adolescence. Il repose avec sa femme dans un caveau du cimetière d’Aubiat.

Son tombeau est de style gréco-romain, taillé dans la pierre de Volvic, et a la forme primitive d’un temple antique. Sur le front de celui-ci, sont sculptés les décorations du Général ainsi que son blason.

Les Fiefs d'Aubiat

La commune d’Aubiat dispose dans son patrimoine de plusieurs domaines démonstratifs de notre histoire :

  • Le fief de Lavors qui remonte au moins au début du XVIèmesiècle a appartenu à la famille de Bonnevie de Pogniat. Il fut une forteresse stratégique en arrière de la fontière entre l’Auvergne et le Bourbonnais, cependant il ne reste rien de la partie médiévale car il fut reconstruit au XIXème siècle.
  • Le fief de Montclar a été la propriété des familles d’Allemaigne et de Bayard, qui ont été les deux seigneuries de Montclar. La première partie fut vendue au seigneur de Nozerolles. Aujourd’hui, il ne reste que deux petits bâtiments du XVIIème siècle (une volière et un four à pain).
  • Le fief de Mons appartenait depuis la fin du XVème siècle à la famille de Mons. Ce château fut vendu à la famille Pascal en1515, et de nouveau changea de propriétaire vers 1618 pour appartenir au lieutenant général criminel en la sénéchaussée de Riom, Gilbert Rigaud. Il fut la propriété de Forget, conseiller au présidial de Riom, du général Becker nommé comte de Mons par Napoléon Ier. Enfin, il entra dans le giron de la famille de Bonnevie vers 1890.
  • Le fief de Persignat fut la propriété de la famille Chauvigny de Blot qui le vendit en 1720 au seigneur de Montclar Hugues Teilhard. Il fut également la propriété de Gilbert II de Bonnevie, du capitaine au régiment de Chartres François-Charles de Champs, et à partir de 1756, à François Charles Dijon, ingénieur des Ponts et Chaussées de la Province d’Auvergne. Enfin, il a appartenu à la famille de Gans.
  • Le fief de La Raynaude fut successivement la propriété de la famille d’Allemaigne, de la Rocheaymond, de Reclesne, du Crozet. Il fut démantelé à partir de 1788 par une série de ventes en trois domaines distincts. Aujourd’hui, il ne reste qu’un corps de logis rectangulaire flanqué d’une tour ronde.

Le Manoir de Montclavel

Bâti entre 1828 et 1842, au lieu-dit Montclavel, le manoir de Montclavel est une jolie bâtisse typique de la bourgeoisie du début du XIXe siècle. Monsieur Augustin Baron de Frétat de Chirat et son épouse Madame Catherine Pauline de Rochefort semblent être les bâtisseurs de cette demeure.
Description du château :  » Le château de Montclavel comprend au midi le château avec cour rectangulaire attenante au nord. La face nord de ce rectangle est occupée par une grange avec écurie et chambre de bouvier à l’intérieur. La face orientale est limitée par un pavillon à usage de cuvage, hangar, soute à charbon, buanderie avec grenier et chambres de domestiques au-dessus. Le coté occidental est limité par un pavillon de même forme que le précédent qui comprend écurie à chevaux, sellerie, remise, chambre avec grenier à blé et à fourrage au-dessus. Dans la cour se trouve un puits.  »
Aujourd’hui le château de Montclavel est toujours identique à cette description.

Les époux Augustin de Frétat et Madame de Rochefort eurent cinq enfants dont Alexandrie qui fut propriétaire du manoir. Un autre de leur enfant Charles de Frétat et son épouse rachetèrent une partie du manoir où se tenait le château et il détenait d’autres parcelles suite à des échanges.

Charles de Frétat est décédé en 1887 sans laisser de descendance et sa veuve Madame de Paraize légua Montclavel à sa mort à ses cinq frères et sœurs. Mais le 14 juin 1891 Jean-Baptiste Martin a acheté le manoir par acte notarié. Il décéda en 1895 et légua le manoir à ses quatre enfants avec usufruit pour sa veuve.

En 1903, Alphonse Gagnon a acheté le manoir à la veuve de Martin. Puis Marcel Gagnon qui avait hérité le manoir de son père, le vendit en 1913 au Comte Tron de Bouchony et son épouse.

Il est décédé en 1953 et avait 8 enfants. En 1954, ces derniers ont procédé à la liquidation et au partage des biens et c’est leur mère qui obtient Montclavel. Elle décéda en 1961, les héritiers vendirent le manoir à Madame et Monsieur Thénot.

Dans cette succession de propriétaire on remarque qu’une sorte de malédiction se porte sur ce domaine. Lorsqu’il est acheté par un couple, il est revendu…après le décès du dernier vivant. Jamais Trois générations successives n’ont possédé Montclavel.

Les croix d'Aubiat

La commune d’Aubiat possède dix-neuf croix, elles sont pour la plupart en pierre calcaire ou trachy-andésite, toutes élevées ou remontées après la révolution Française. Certaines possèdent des éléments antérieurs à cette période.

La Grande croix de Persignat : La grande croix de Persignat est parmi les plus anciennes. Datée du XVIIe siècle d’après les vêtements des petits personnages qui l’accompagnent, elle fut remontée sur un socle modeste. Elle est composée de quatre marches en calcaire dont la dernière est une ancienne meule, d’un fut et d’une croix en trachy-andésite de type celtique. Sur la croix sont sculptés, à l’ouest, une vierge à l’enfant couronnée de lys, à l’est un christ, et sur le pourtour de la croix, cinq personnages en habits du XVII e siècle. Sur la meule on lit l’inscription : 1802 l’An 10.

La croix des rameaux : Située sur la place à côté du château de Lavort, la croix des rameaux est composée de trois marches rondes en calcaire, d’une base en pierre de Volvic, d’un fut octogonal en calcaire et d’une croix en fer forgé terminée par une fleur de lys à chaque extrémité. Les quatre faces sont sculptées de quatre blasons fortement dégradés et porte les dates 1788-1802.

Les croix de Mission : – Elles sont au nombre de 2.

  • La première se trouve sur la place de l’église, son socle et sa table sont en moellon régulier de trachy-andésite. La croix en fer forgé a en son centre un christ. Elevée pour la mission de 1855 au centre de la place, elle fut déplacée en 1950.
  • La seconde est située à côté du lavoir de Chazelles. Elle est composée d’un socle, d’une table et d’une base en pierre de Volvic, surmontée d’une croix en fer. On lit les inscriptions :
    Face est : BL CIRI , ML CIRI
    Face sud : I BOUC
    Fac ouest : CJ CLCR, GC LALA

Les croix en Hommage : Au nombre de 4.

  • Croix de Montclavel : Elle se trouve dans la propriété de Montclavel, elle est en fer et marque l’emplacement où fut foudroyée une personne d’Aubiat.
  • Croix d’Auvergne : Situé à Persignat, elle est composée d’un socle maçonnée en moellon régulier de trachy-andésite, d’une table et d’une base en pierre de Volvic, surmontées d’une croix de fer forgé. Sur la base il est écrit : R FILLE FAURE ENRIELLE
  • Croix de tonnerre : elle est composée d’un socle et d’une pierre de Volvic et une croix en fer forgé. On lit l’inscription : CHIROL François AGE DE 63 ANS ET ROCHE MICHEL AGE DE 38 ANS ONT ETE FRAPPES DE LA FOUDRE EN CE LIEU LE 2 JUILLET 1891 PRIEZ POUR EUX.
    Et sur la face est : CROIX ERIGEE LE 5 OCTOBRE 1891 PAR MADAME LA COMTESSE MARTHA BECKER DE MONS.
  • Croix Desgeorges : Elle est entièrement en calcaire du pays. On lit :IHS et INRI en titulus, sur la base :
    Au nord : FELIX DEGEORGE 1771
    A l’est : PAILLE FE_IT
    Sur le socle : FELIX DEGEORGES 1864

Les croix de délimitation : Au nombre de 2.

  • Croix de Mons : Situé sur le bord de la route N°9, elle délimitait la frontière entre la province d’Auvergne et celle du Bourbonnais avant la Révolution Française. Elle est entièrement en calcaire et on peut y lire l’inscription : CROIX DE MONS 1873
  • Croix de l’enclos : Située rue des Charmettes, la croix marquait un espace foncier d’un gros propriétaire terrien. Elle est composée d’un socle et d’une table en panneau calcaire monolithique avec une croix de fer forgé. (1878)

Autres croix :

  • Croix des Carcailloux : en pierre de Volvic et inscrite dans le mur d’une propriété, elle contient en son centre une croix avec un christ et l’inscription 1826
  • Croix de l’ancien cimetière : croix de malte en calcaire du pays
  • Croix de la place de Persignat : la croix est en fer forgé, sa base et sa table sont en molleon régulier calcaire. On lit CRUX AVE, sur le transept, et INRI en titulus avec un cœur gravé au centre entouré de la couronne d’épine.
  • Croix à l’entrée de persignat : croix en calcaire
  • Croix Saint Pierre : composée d’un socle, d’une table, d’une base et d’une croix en calcaire : CROIX ST PIERRE 1787
  • Croix de la grande place : socle ne moellon régulier, table en calcaire, fût et croix en pierre de Volvic
  • Croix de l’école : entièrement en pierre de Volvic (1879)
  • Croix à Persignat : croix en fonte scellée sur un dé en pierre de Volvic
  • Croix du cimetière : en calcaire, elle surmonte l’angle nord du cimetière à Aubiat. On peut lire IHS

Les Lavoirs

Comme toute commune agricole, Aubiat dispose de beaucoup de points d’eau pour les bêtes mais aussi pur la lessive. On compte donc cinq lavoirs et trois puits communaux.
Au moment de l’adduction d’eau certains lavoirs furent modernisés et perdirent leur cachet patrimonial.

Le lavoir du Pâtural : A persignat, le lavoir a gardé son cachet patrimonial avec sa petite toiture et son bassin en pierre calcaire. Il est équipé de deux pompes à chaines carénées en fonte, l’une à l’extérieur portant l’inscription :  « UDEMAR-GUYON A DOLE JURA », l’autre à l’intérieur portant l’inscription :  « SAUZAY FRERES A AUTUN SNE & LRE »

Le lavoir de Persignat : Il fut modernisé au début du XXe siècle. Il est couvert d’une petite toiture, son bassin n’existe plus et son abreuvoir, aujourd’hui fleuri, est adossé au mur en moellon régulier de trachy-andésite dans lequel se trouvait l’alimentation d’eau.

Le lavoir de Chazelles : Situé non loin de l’école, fut modernisé au début du XX e siècle. Le bassin du lavoir et son abreuvoir sont en ciment et le mur est en moellon régulier de trachy-andésite.

Le lavoir du Puits des Batailles : A la sortie d’Aubiat un puits communal est maçonné en pierre du pays et couvert de deux dalles de Volvic. Un escalier donne accès au mécanisme qui est une pompe à chaines en fonte. Un bac en pierre de Volvic complète cet équipement.

Le lavoir rue de la cote à aubiat : Dans la descente de la butte d’Aubiat, un lavoir couvert est toujours en eau. Il dispose d’un bassin en pierre du pays et de deux bacs de rinçage. Deux voutes protègent respectivement l’arrivée d’eau et l’un des bacs de rinçage.

Puits de la Garde : Ce puits qui a perdu son bac, est équipé d’une pompe à chaine en fonte dont le volant porte l’inscription :  « J’évite les chocs ». Il est bâti et couvert en pierre du pays avec une margelle. Sa curieuse inscription est certainement en rapport avec une particularité mécanique de la pompe, qui évite les à coups et donne une plus grande fluidité dans le mouvement du volant.

La vigne à Aubiat

En Auvergne, la vigne connut son apogée vers 1890 avec près de 50 000 ha et une production voisine de 992 000 hectolitres. L’arrivée du chemin de fer avait considérablement permis le développement de cette culture qui auparavant devait écouler sa production sur place.

Dès 1893, le phylloxéra apparaît, il faut reconstituer le vignoble sur des pieds américains résistants. En dix ans la superficie du vignoble auvergnat est divisée par deux. En 1910, la récolte est entièrement détruite par le mildiou, en 1914, les hommes partent à la guerre : le vignoble auvergnat va inexorablement décroitre.

Pourquoi une telle importance ? Le terrain semble l’explication la plus probable. En effet la terrasse alluviale sur laquelle est posé le village d’Aubiat offre une position privilégiée à cette culture qui demande beaucoup de soleil.

Une étude détaillée réalisée en 1956 et 1959 par le service du cadastre viticole nous indique une superficie totale en vignes à Aubiat de 43ha 29 a et 94 ca, avec 169 exploitants et 536 parcelles. La production est uniquement considérée en vins de consommation courante, pas de VDQS ni d’AOC. Sur les 169 exploitants d’Aubiat, 140 font valoir directement leur vignes sur 30 ha environ, 17 le font en fermage ou en métayage sur près de 5ha et 12 sont en faire valoir mixte pour environ 5 ha.
En 1970, on compte encore 60 exploitants pour 18ha de vigne, en 1979, 52 exploitants avec 13ha, en 1988, 26 exploitants pour 6ha et en 2000, 8 exploitants pour 2ha.

Grandeur et décadence donc : bientôt la culture de la vigne à Aubiat appartiendra à l’histoire. La jachère a remplacé le Gamay, seules quelques cabanes de vignerons témoignent du passé viticole d’Aubiat. Resteront également les caves voutées de la plupart des habitations, sans oublier l’important bâtiment dit de la cave de Mons sur le plateau de  » La Champ  » qui à lui seul nous rappelle l’importance du vignoble d’Aubiat

Dans le Puy-de-Dôme, 3ème département viticole de France à la fin du XIXe siècle, la vigne 43 575 ha en 1890, 12020 ha en 1940, 5750 ha en 1974. Les surfaces vont continuer à décliner jusqu’à ces dernières années.
L’activité viticole avait une grande importance sur Aubiat. D’après l’examen du cadastre Napoléonien, en 1831, on comptait 122ha 65 à 80 ca de vigne sur le territoire de la commune soit une trentaine d’ha de plus qu’à Artonne.

Remerciements à l’Association Initiatives et idées et plus particulièrement à Franck LOISEAU pour la transmission de ces informations